mercredi 1 décembre 2010

Perspectives et voies d’avenir pour la francophonie en Alberta

Perspectives et voies d’avenir pour la francophonie en Alberta
Par Laura Osorio
L’anglais et le français sont les deux langues officielles du Canada mais c’est l’anglais qui est la langue prédominante partout dans le pays. Dans plusieurs provinces comme le Québec, le Nouveau-Brunswick, le Yukon et le  Nunavut, le français est considéré comme la langue officielle principale des provinces. Aussi, on voit que dans certaines parties du pays comme le nord de l’Ontario, le sud du Manitoba et le sud de l’Alberta, il y a des petites communautés où le français est la langue prédominante.
Si on s’arrête pour regarder plus attentivement la province de l’Alberta, on peut voir  le développement de la langue française à travers le temps. Lorsque le Canada n’avait pas encore acheté les terrains de la Baie d’Hudson, les habitants parlaient le français librement. Après que le territoire a été acheté en 1875, l’anglais a été imposé et ses habitants ont perdu leurs droits de langue. Mais cette injustice n’a pas duré longtemps parce que les personnes avaient une persévérance immense pour conserver leurs langue et peu à peu ils ont demandé au gouvernement de rétablir  les droits qui leur ont été enlevés au passé. Après plusieurs efforts, le peuple Albertain a enfin obtenu ce qu´ils demandaient tant.
Alors, si on continue à regarder notre histoire albertaine on peut voir que le but principal de nos ancêtres était l’éducation en français, parce que si on enseigne à nos enfants la langue maternelle qui est le français,  la culture survivra et elle sera transmise plus facilement de génération en génération. Entre 1875 et 1901, le gouvernement nous a donné  des droits pour que les enfants puissent avoir une éducation française gratuite seulement quelques heures par semaine et aussi la permission d’utiliser le français pour expliquer des concepts que les étudiants ne pouvaient pas comprendre clairement quand ils étaient expliqués en anglais. En 1968, on a eu le droit de pouvoir enseigner 50% des cours en français de la 1ère jusqu’à la 12ème année et seulement huit ans après, en 1976, on a eu le droit d’enseigner 80% des cours de la 1ère jusqu’à la 12ème dans les écoles publiques. Un autre grand évènement qui a marqué l’éducation franco-albertaine a été l’ouverture des institutions privées d’apprentissage 100% françaises comme le Juniorat Saint-Jean (1908), Le Collège des Jésuites (1913) et l’Académie Assomption (1926).
En mars 1994, pour la première fois dans son histoire, la communauté francophone a eu le droit de participer aux élections des commissaires scolaires francophones pour les régions d’Edmonton/Legal, Rivière-la-Paix et Saint-Paul/ Plamondon/ Medly. C’était un moment historiquement important parce qu’il a marqué la fin de la lutte pour l’éducation française en Alberta, lutte qui a duré 101 ans.
Comme conséquence de cette lutte, on voit que les Franco-Albertains ont construit de grandes institutions éducatives telles que l’Académie Assomption et le Collège Saint-Jean devenu le Campus Saint-Jean. Depuis 1982, ils ont établi cinq commissions scolaires et 29 écoles qui regroupent plus de 3 000 élèves. Ils ont aussi participé au développement des programmes d’immersion française.
Si on se demande quelles sont les perspectives et voies d’avenir de la francophonie en Alberta, je dirais que l’histoire nous montre qu’avec de la détermination on est capable de tout accomplir. On a l’exemple de la lutte pour avoir nos écoles en français et maintenant on voit qu’on n’a pas seulement des écoles qui promeuvent la langue française, on a  aussi des espaces didactiques comme La Girandole, école de danse, l’Uni Théâtre,  des garderies, des églises, des centres médicaux, on a aussi le Centre de développement musical, l’Alliance française, les  Jeux francophones de l’Alberta entre autres.
L’avenir de la francophonie albertaine est déjà dans le chemin du progrès  parce que même si on habite dans un milieu complètement anglophone, notre culture française a prévalu pour plus de 100 ans et elle continuera à grandir parce que la fierté des franco-albertains ne la laissera pas s'éteindre.



Perspectives et voies d’avenir pour la francophonie en Alberta

Perspectives et voies d’avenir pour la francophonie en Alberta
Le déclin de la langue française - Est-ce qu’on est en train de perdre ‘notre’ français ici en Alberta?
            par Carmen Boucher
La francophonie en Alberta n’est plus la même que celle de ma jeunesse.  Qu’est-ce qui lui est arrivé?  Pourquoi a-t-elle changé?  Est-ce qu’elle reviendra?  Si oui, comment?
Les Francophones
Il y a cinq générations de ‘franco-albertains’ dans ma famille, peut-être même plus.  Mais ne soyez pas dupe.  Je n’ai pas toujours été immergée dans ma langue maternelle. 
Née dans une famille francophone, ma première introduction à l’anglais s’est déroulée quand j’avais un an et quand ma mère m’a laissée avec une nounou anglaise, lui ayant expliqué que si je disais « l’eau l’eau », j’avais soif.  Le reste du temps il fallait qu’on se débrouille pour communiquer.  C’est pourquoi, dès mes deux ans, j’étais plus ou moins complètement bilingue.
Ma rentrée à la maternelle a tout changé, car je me suis trouvée en présence d'enfants anglophones qui ne parlaient pas du tout le français.  Ces relations ont beaucoup contribué à la détérioration de mon intérêt à parler en français, un état qui continuerait durant des décennies.  Ayant parlé à  beaucoup d’autres francophones, je me suis rendu compte que je n'étais pas la seule à avoir ‘perdu’ son français. 
Les Anglophones
A mon avis, il y a beaucoup d’autres facteurs qui contribuent au déclin de la langue.  Le fait que les francophones ont été forcés à accepter l'entrée des anglophones a changé la face de la francophonie.  La culture francophonie en Alberta a toujours été très forte, mais elle était aussi très exclusive.  Les gens protégeaient leur monde, leur contexte culturel, avec une férocité sèche.  Je pense qu’ils ont changé d’idée quand ils se sont aperçus que, s’ils ne modéraient pas leur contrôle de qui serait accueilli dans le ‘cercle privilégié’, ils perdraient tout.
L’introduction de la ‘french immersion’ dans nos écoles a grandement ouvert les portes à la langue française, en plus de notre culture elle-même.  C’est génial d’avoir tant d’élèves qui sont intéressés à apprendre le français, particulièrement quand il y a beaucoup de jeunes francophones qui ne se trouvent pas si motivés.  Pourtant, cela ne fait pas plaisir à tous. «  Pourquoi pas? » me demanderez-vous.  La réponse se trouve dans la réduction de la ‘pureté’ de la langue.  Il y en a beaucoup qui grincent des dents quand ils entendent un anglophone qui parle avec un mauvais accent et qui ‘massacre’ cette belle langue romane.   Personnellement, je crois que cette affluence des anglophones augmente la puissance du français, lui donnant une chance de survivre.
La croissance du nombre d’écoles francophones dans la province nous donne la preuve que les parents qui parlent français, soit appris chez eux ou à l’école, veulent que leurs enfants apprennent aussi cette langue merveilleuse.
L’Horizon
Que pouvons-nous faire pour conserver la langue de nos ancêtres?  Les francophones qui ne parlent plus correctement, retrouveront-ils leur amour pour la langue?   L'immersion des anglophones au français insuffle souvent une nouvelle vie à la langue, mais à quel prix? Autrement dit, est-ce que ces nombreux jeunes vont sauver notre langue?  Ou vont-ils trop changer la prononciation et la ‘vie’ de la langue, à tel point qu’elle sera pu la ‘notre’?